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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 06:44
Quand Olivier Falorni sort du flou

FAUX // Samedi soir, sur France 2, tentant de se justifier sur les conditions de son élection par les voix de droite, Olivier Falorni s’est fait prendre à son propre jeu.

Olivier Falorni a affirmé face à Natacha Polony, samedi soir, qu'il avait obtenu 75 % dans les bureaux les plus à gauche de la ville...une affirmation qui ne résiste pas à l'épreuve des faits. (capture d'écran)

Olivier Falorni a affirmé face à Natacha Polony, samedi soir, qu’il avait obtenu 75 % dans les bureaux les plus à gauche de la ville…une affirmation qui ne résiste pas à l’épreuve des faits. (capture d’écran)

 

« Je vous invite à aller dans les quartiers populaires à La Rochelle, que je connais bien, où ça vote à 80 % à gauche. Eh bien, j’ai fait 75 % dans ces bureaux de vote. » Comment un homme, si bon client, aussi rompu à l’exercice de l’interview, qui a si bien géré sa communication durant la campagne, a-t-il pu faire une telle erreur en disant une telle ineptie, si facilement vérifiable ?

La spécialité d’Olivier Falorni, c’est le flou. Ainsi, il répond rarement aux questions qu’on lui pose. Ainsi, il est aussi difficilement « prenable », pour les journalistes qui ne connaissent pas la situation locale. Cela a fait son grand succès électoral et dans les médias parisiens, où la relance semble avoir été oubliée depuis longtemps.

Rarement relancé

Peut-être avait-il été un peu gêné, fin juin, sur le plateau du Grand Journal de Canal +, par Jean-Michel Apathie. Mais les interviews y sont beaucoup trop courtes. Chez Laurent Ruquier, samedi soir, sur France 2, dans On n’est pas couché, le député-de-La-Rochelle-et-de-l’île-de-Ré a dû affronter près de trente minutes d’interview, ce qui est très rare.

Malmené sur la question des voix qui se sont portée sur lui au premier, mais surtout au second tour, il a, comme d’habitude, expliqué qu’on ne pouvait pas trier les voix. Souvent, la discussion s’arrête là. Mais Olivier Falorni a voulu être plus précis : erreur.

Il a expliqué, qu’au second tour, la majorité des électeurs du Front de Gauche et d’Europe-Ecologie – Les Verts, du premier tour, avaient voté pour lui. Outre le fait que c’est statistiquement faux, il s’est fait prendre à son propre piège. Natacha Polony ne s’est effet pas privé de lui « retourner le compliment » : en disant cela, il faisait, lui même, le tri des voix, ce qu’il refusait quelques minutes plus tôt.

La phrase de trop

Aculé, Olivier Falorni a commencé à donner des chiffres. « Je vous invite à aller dans les quartiers populaires à La Rochelle, que je connais bien, où ça vote à 80 % à gauche. Eh bien, j’ai fait 75 % dans ces bureaux de vote. »

Mais voilà, c’est faux. Faisons-en la démonstration. Prenons comme référence la dernière élection avant la législative, c’est à dire le second tour de la présidentielle.

A La Rochelle, 14 bureaux de vote (sur 55) ont donné plus de 70 % à François Hollande. Et au maximum 78,6 %, dans « 14-Juillet – Ledru-Rollin », le bureau 55, à Villeneuve-les-Salines. Sur ces 14 bureaux, situés à Laleu, Mireuil, Villeneuve, Port-Neuf et Tasdon, que l’on considère communément dans les quartiers populaires de la ville, 10 ont donné la majorité de leurs voix à Ségolène Royal. Son record, 60,6 %, se situe d’ailleurs dans ce fameux bureau 55.

A Royal les quartiers populaires

Trois ont voté Falorni, au maximum à 52,2 %, soit, tout de même, près de 11 points de moins que sa moyenne (63 %). Ils sont même à 50-50 dans le treizième bureau en question, « Cours Dame-Hilaire » (17), à Mireuil. Mais même là, ou quand elle l’emporte de peu, Ségolène Royal progresse quand même de 13 points, au moins, par rapport à sa moyenne (37 %).

En fait, la présidente de région l’emporte ou talonne son challenger dans le cœur des quartiers populaires, que connaît si bien Olivier Falorni. Au global, elle l’emporte même sur les quartiers de Mireuil (50,5 %) et de Villeneuve-les-Salines (53,8 %).

Maintenant que l’on sait que l’affirmation d’Olivier Falorni est une tromperie, attachons nous aux fameux bureaux où le député-de-La-Rochelle-et-de-l’île-de-Ré à approché les 75 %. En fait, il dépasse la barre des 70 % dans trois bureaux : « Le Mail » (22), avec 74,4 % ; « Coligny » (23), avec 70,5 % ; « Sécurité-Sociale » (24), avec 73,5 %. Ce sont les bureaux de vote de La Genette, quartier populaire s’il en est, n’est-ce pas.

A Falorni les quartiers rupins, notamment

Ce sont trois des quatre seuls bureaux à avoir voté Nicolas Sarkozy, le 6 mai dernier. Ces fameux quatre bureaux (rajoutons donc « Saint-Exupéry – Deflandre » (7), à Port-Neuf*) qui ont voté Sarkozy sont aussi les quatre meilleurs scores d’Olivier Falorni. Dur.

Pour tout dire, la carte des résultats d’Olivier Falorni ressemble, comme une cousine, à une carte traditionnelle de la droite à La Rochelle. Les nuances entre les secteurs sont bien souvent les même. La carte Falorni est en revanche plus « lisse », moins « clivée » que la carte Sarkozy. Pas une surprise, vu les mélanges.

La carte des résultats de Nicolas Sarkozy, comparé à celle d’Olivier Falorni.

La carte des résultats de François Hollande, comparé à celle de Ségolène Royal.

Evidement, le niveau, lui, est bien supérieur à celui d’un candidat de droite, puisque, quand même, il y a des voix de gauche qui se sont porté sur lui. Environ 20 points, contre 43 venues d’en face. Un tiers, deux tiers. C’est pas rien, un tiers, sans ça, pas d’élection.

Mais le niveau des voix de droite dans le vote Falorni n’a rien de comparable avec le transfert de certaines voix sarkozystes en 2007, sur François Hollande en 2012. Et encore moins à ces prétendues cohortes de voix de droite venues gonflé les rangs des électeurs de Michel Crépeau. Ce dernier argument, rabâché durant la campagne, n’est rien de moins qu’une réécriture complète de l’histoire. S’ils ont existé, ils ont, toujours, été résiduels.

La même légitimité

Voici donc ce qu’il se passe quand Olivier Falorni a le malheur de sortir du flou. Tout cela ne remet évidemment pas en cause une once de sa légitimité comme député. Car oui, une voix est une voix. Et il a été brillamment élu. Tout cela ne remet même pas en cause le fait qu’il soit, sans aucun doute, sincèrement de gauche. Et qu’il est un député de gauche. Maxime Bono le reconnaît lui même, après ses couteux et injustifiés excès de l’entre-deux tour.

Il ne s’agit même pas de dire là que la défaite de Ségolène Royal est injuste. Car il n’y a rien de plus juste que cette défaite**.

Mais prétendre que, ce qui a été démontré plus haut, ne compte pas, et que cela ne pose pas question pour la suite, rélève, au mieux, de l’aveuglement.

*Attention chers amis, Port-Neuf quartier populaire, oui, mais on parle là de sa partie la plus proche de La Genette, la plus bourgeoise et, pour tout dire, la plus à droite. L’une des plus à droite de la ville même, et depuis fort longtemps. A côté de ce bureau 7, il y a le 6, « Île-de-France », le secteur le plus populaire du quartier, où François Hollande a fait 74,3 % et Ségolène Royal 54,0 %.

**A l’exception, probablement, des conséquences du tweet de Valérie Trierweiler. Qui n’a joué en rien dans l’ampleur dans la défaite comptable de Ségolène Royal, mais qui a ajouté un degré personnel à l’humiliation. Un degré de trop.

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