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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 03:26

 

C'est donc au Premier ministre, pourtant si absent et silencieux depuis plusieurs semaines, qu'est revenue la lourde responsabilité d'annoncer le retrait de ce qui avait constitué en 2007 une mesure phare du candidat Sarkozy : le bouclier fiscal.

 

Signe supplémentaire d'une déroute constante de l'éxécutif, qui peu à peu détricote une à une les réformes qu'il a lui même mis en place. Quel puissant aveu d'échec!

 

Au fond, toute la stratégie actuelle du gouvernement, consiste à reconnaître, parfois timidement, l'échec des réformes qu'il a fait voter. Comme si naivement, le gouvernement croyait pouvoir reconquérir l'opinion publique avec une telle stratégie.

 

Cette stratégie d'autosuicide gouvernemental fait office de pain béni pour l'opposition, qui depuis le début réclamait la suppression du bouclier fiscal. Victoire, peuvent désormais crier les meneurs d'une croisade qui jusqu'au bout aura paru impossible!

 

Mais attention à ne pas sombrer immédiatement dans un excès de triomphalisme. Comme souvent, ce qui constitue une bonne nouvelle en vérité cacher un pilulle difficile à faire avaler. Et cela semble être clairement le cas de ce qui est annoncé comme la fin d'un cadeau fait aux plus riches.

 

Cette suppression du bouclier fiscal est en fait le moyen utilisé par le gouvernement pour mieux faire passer la pilule de la suppression de l'ISF. Contrairement à ce qu'a annoncé le Premier ministre, l'ISF ne paralyse pas les classes moyennes.

Pour aujourd'hui être asujetti à l'ISF, il faut avoir un patrimoine dépassant le million d'euro...

On est donc loin de cette classe moyenne dont le pouvoir d'achat serait grèvé par un impôt injuste et inefficace. Ces foyers entrés désormais asujettis à l'ISF seraient entré dans le champ de l'imposition à l'ISF à cause de la hausse du coût de l'immobilier. Or, logiquement, ont investit dans l'immobilier ceux qui en avaient les moyens, donc certainement pas les classes moyennes.

C'est sans compter sur les nombreuses niches fiscales qui permettent chaque année des abattements colossaux aux ménages les plus fortunés.

 

Il est ainsi fort probable que l'argent économisé par la suppression du bouclier fiscal serve à financer partiellement la suppression de l'ISF. En somme, on supprime un cadeau fiscal pour en faire un autre.

 

Drôle de stratégie de dupes dans un contexte économique tendu, qui oblige les Etats a faire toujours plus d'économies.

 

Il est difficilement imaginable de voir comment un Etat pourra s'autoamputer d'une ressource fiscale importante comme l'ISF, alors même qu'il devrait tout faire pour conserver un montant constant de recettes fiscales, et au mieux chercher à augmenter le montant de ses recettes fiscales.

 

Nul ne doute que la question fiscale sera elle aussi au coeur des thèmes principaux de la campagne présidentielle de 2012.

 

Sur ce sujet, les propositions certes de bon sens mais en réalité inapplicables en l'état de Thomas Piketty, Camille Landais et Emmanuel Saez, vont dans le sens d'une réforme plus juste de la fiscalité.

 

Mais c'est souvent là le problème des grandes théories et des grandes idées politiques : en théorie parfaites, mais en réalité inapplicables. Comme quoi de la théorie à la pratique, il y a plus qu'un pas...

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